Stéphanie Quérité
Publications

Ou comment habiter l’entre-deux, où gisent les sirènes, les mots qui d’une langue à l’autre sont dépouillés de leurs sentiments, le vent comme l’indicible, la nostalgie de l’enfance qui court qui court qui court, la bouche ensablée, tous ceux qui ne sont plus, tous ceux que l’on pousse hors de notre vue, les bouts de peaux qu’on perd en chemin, l’enfant comme le murmure, la tempête sous un crâne, c’est peser le pour et le contre, avoir le corps penché pendant la traversée, évaluer le risque, les corps flottants, être l’étranger dans cette mer de soi possible, effleurer ces zones où l’on ne se connaît pas, où l’on ne s’est jamais rencontré, où l’on ne sait qui en soi réagira, et comment, et par quel geste, quel mot, on existera, partir à la rencontre du corps qui devra se mouvoir lors du choix.

Chemin faisant, une mouche apprend à être au-delà des apparences.

« Je m’appelle Clarisse et mes pensées sont rouges. Je m’appelle Élisa et mes pieds sont rouges. Je m’appelle Solange et mes lèvres sont rouges. Je m’appelle Délia et mon rire est rouge. Je m’appelle Marianne et mon cœur est rouge. »
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Cinq filles liées et opposées comme les faces d’un dé. Cinq filles qui décident que leur histoire dépendra des six faces du dé : décision, dérision, dépendance, détermination, dévotion et division. Cinq filles dont les chemins divergent ou se rassemblent jusqu’aux larmes, à la folie, au poison de la domination. Une fusion où les oscillations finissent par provoquer la bascule et cette tache rouge qui grandit sur l’asphalte.

Il fallait bien tirer un trait. Pour suspendre la peine, briser la honte, tirer la langue, définir un contour de soi. Il fallait bien l’étirer, s’étendre, incarner la grande étendue. Pour permettre la rencontre, entre les peaux, sa faim de l'autre, faire de ces expériences un langage.
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Lignes de désir retrace le chemin que parcourt une femme, d’une prise de parole à une prise de corps, d’un corps empêché à un corps affamé. Il est composé d'une succession d'instantanées, qui rendent visibles le désir, agissant entre elle et l'autre, en elle et par l'autre.

Il s'agit de plonger, toucher le rouge et l'intense, le bleu du fond de ses mers, éprouver l'obscur.
Elle s'immerge dans un décor qu'elle fait sien.
Au fil de l'eau il se transforme.
Elle manoeuvre, elle devient.
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Les deux eaux, c'est une rencontre qui fait confluence entre deux sensibilités, les mots de Stéphanie Quérité et les pinceaux d'Elodie Latchimy-Bayle
Revues et ouvrages collectifs



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Il devrait y avoir encore une heure avant l’aube